Lancement des travaux d'aménagement et de bitumage de la route Maradi-Madarounfa-Frontière Nigeria : 27,7 milliards de FCFA pour le désenclavement interne et externe de la zone

Après le lancement des travaux de renforcement du système d'alimentation en eau potable de la Ville de Zinder dimanche dernier, le Président de la République, Chef de l'Etat a procédé hier à Madarounfa, au lancement des travaux d'aménagement et de bitumage de la route Maradi-Madarounfa-Frontière Nigeria. Pour ce projet, la BOAD et l'Etat du Niger ont injecté 27,7 milliards de FCFA. La cérémonie a enregistré la présence de représentants des institutions de la République, de députés nationaux, de plusieurs membres du gouvernement et ceux du corps diplomatique, des autorités administratives, municipales et coutumières, ainsi que de nombreuses délégations venues du Nigeria voisin.

C'est une mobilisation exceptionnelle qui a été enregistrée aussi bien à Maradi qu'à Madarounfa. Les populations des villages traversés par le projet sont sorties massivement pour vivre l'événement. C'est en effet, un événement attendu de très longue date par les populations de cette zone. Et c'est le gouverneur de la région qui a trouvé les mots justes pour qualifier ce projet qu'il a appelé ''Route de l'espoir''.

Les travaux d'aménagement et de bitumage concerneront deux (2) tronçons menant chacun à la frontière du Nigeria (Zanfara et Katsina). Il s'agit respectivement du tronçon Maradi-Madarounfa-Gabi-Frontière du Nigeria (Village de Gourbin Bauré), long de 73,6 km et le tronçon Madarounfa-Frontière du Nigeria (Jibiya) long de 22,6 km, soit un total de 96,2 km. Le coût global du marché est de 27,7 milliards de FCFA après appel d'offres international. C'est la BOAD et l'Etat du Niger qui en assurent le financement. Les travaux sont exécutés par la China Geo Engineering Corporation Overseas Construction group co, ltd (CGCOC, une société de droit chinois) pour un délai d'exécution de 20 mois.

Le ministre de l'Equipement a dans son discours, donné des explications sur les composantes majeures des travaux. Ainsi, outre les terrassements et le bitumage de la chaussée, ce projet permettra de réaliser des voiries à Madarounfa et à Gabi, mais aussi d'installer l'éclairage public dans certaines localités au moyen de l'énergie solaire. De même, il sera fait des reboisements, le fonçage des forages, la remise en état des carrières, la construction des murs de clôture pour les écoles, les centres de santé intégrés et la construction de deux (2) postes frontaliers.

Et tous les intervenants s'accordent sur les impacts très positifs attendus de ce projet. En effet, ces routes permettront d'écouler l'importante production agricole de la zone, de développer davantage les échanges entre notre pays et le Nigeria, de faciliter l'acquisition du matériel et intrants agricoles par les populations, de faciliter la déserte de Madarounfa par les compagnies de transport, mais aussi de moderniser cette commune grâce à la voirie. ''La réalisation de cet important projet répond aux préoccupations de désenclavement interne. C'est aussi la concrétisation des vœux formulés par les autorités de nos deux (2) pays à travers les Commissions mixtes de coopération'' a déclaré le ministre Saddi Soumaïla

Et le ministre de l'Equipement de souligner le succès de la mise en œuvre du Programme de la Renaissance. ''Ce succès reste encore plus marqué en matière d'infrastructures routières avec la réalisation effective de 300 km de nouvelles routes bitumées, la réhabilitation de 1000 autres km bitumés'' a dit le ministre Saddi Soumaïla. Ce programme comprend aussi 500 km de routes rurales. La région de Maradi a déjà bénéficié de l'aménagement et du bitumage de la route Tibiri-Dakoro sur 115 km entièrement achevés, la réhabilitation en cours de 70 km du tronçon RN1 Maradoua-Guidan Roumdji.

D'autres projets de routes structurantes et transversales sont en train d'être mûris. Le ministre de l'Equipement a cité entre autres les routes Keita-Dakoro-Belbéji-Guézaoua (361) km, Tchadoua-Mayahi-Tessaoua (95 km), Dakoro-Bermo-Abalak (148 km), Tessaoua-Gabaouri-Bossossoua (74 km), Guidan Roumdji-Toda-Souloulou-Frontière du Nigeria (70 km), Gazaoua-Birnin Kouka (35 km), Aguié-Dan Kama (Nigeria, 21 km) et Gazaoua-Maï Adoua (Nigeria, 74 km). Et c'est pourquoi, le ministre Saddi Soumaïla a placé, la cérémonie de ce lancement sous le signe de la Renaissance.

Pour sa part, le représentant de la BOAD, a saisi cette occasion pour saluer la coopération entre la BOAD et le Niger. M. Djato Bougonou Gnandi a par ailleurs souligné l'intérêt que le gouvernement nigérien porte sur les routes internationales à fort potentiel économique. ''Nous l'avons relevé pendant le processus d'instruction de ce marché. Ce projet répond aussi à des préoccupations partagées par la BOAD et le Niger'' a-t-il dit. En effet, ces routes permettront d'après le représentant de la BOAD d'accroître la mobilité intercommunautaire, contribuant ainsi à l'accroissement des échanges économiques et sociaux aux niveaux national et sous régional.

L'aménagement de ces routes permettra de désenclaver quatre (4) agglomérations et 29 villages. Avec les autres projets financés par la BOAD comme Niamey-Ouallam, Niamey-Namaro-Farié, Madaoua-Bouza-Keita, Bella-Gaya-Frontière Bénin, Filingué-Abala-Sanam, cela porte la contribution de cette institution à 294 milliards de FCFA tous secteurs confondus dont 101 milliards pour le seul domaine des infrastructures de transport routier. Le représentant de la BOAD a par ailleurs abordé la mobilisation des ressources nécessaires à l'entretien des infrastructures. M. Djato Bougonou Gnandi a salué les efforts du Niger à travers les allocations budgétaires substantiels à la CAFER et la mobilisation des ressources pérennes.

Cependant, le représentant de la BOAD a noté que la redevance pétrolière n'est pas versée intégralement et à temps. C'est pourquoi, il a suggéré une révision du régime financier de la CAFER, notamment par l'établissement de chèques séparés (CAFER et DGI) au niveau de la SORAZ et de la SONIDEP. Par ailleurs, M. Djato Bougonou Gnandi a encouragé le Niger à poursuivre l'application du règlement 14 de l'UEMOA, relatif à la limitation de la charge à l'essieu. Il a enfin exprimé la disponibilité de la BOAD à soutenir et accompagner les efforts du Niger.

''Nous sommes témoins de la concrétisation d'un vieux rêve qui devient aujourd'hui réalité'' a dit pour sa part le gouverneur de la région de Maradi, M. Moussa Alhousseini. La réalisation de cette route, outre ces avantages économiques certains, viendra ainsi mettre fin au calvaire des voyageurs. En effet, note le gouverneur de la région, les usagers de cette route sont souvent obligés de passer par le Nigeria pour se rendre à Madarounfa à certains moments de la saison des pluies. Le Préfet du département ainsi que le maire de Madarounfa ont chacun pris la parole pour exprimer au Chef de l'Etat, la gratitude des populations pour les multiples efforts de l'Etat et surtout pour la concrétisation de ce rêve longtemps entretenu.

Avant de donner le premier coup d'engin, le Président de la République visiblement touché par la mobilisation exceptionnelle des populations, a tenu à s'adresser à elles. ''C'est un jour de fête pour vous, mais aussi un jour de joie pour moi. En effet, à travers la réalisation de cette route, je viens honorer un engagement que j'avais pris lors de la campagne électorale'' a dit le Chef de l'Etat. Dans un discours en langue nationale et emprunt de sagesse du terroir, Issoufou Mahamadou a su épater les populations.

Le Chef de l'Etat a rappelé les priorités de son mandat que sont entre autres l'éducation, les infrastructures, l'accès à l'eau potable, la sécurité alimentaire, etc. ''Depuis mon investiture, je me suis donné corps et âme, nuit et jour pour servir le peuple qui a placé sa confiance sur ma personne'' a-t-il dit. ''Le peuple nigérien mérite tout. Mon vœu le plus ardent est que Dieu m'accorde les moyens d'améliorer le quotidien de nos populations'' a-t-il affirmé. ''En deux (2) ans déjà, des changements s'observent et nous continuerons dans cette dynamique'' a ajouté le Président Issoufou Mahamadou. Il a ensuite dévoilé la plaque du projet avant de donner au moyen d'un engin, le premier coup de pelleteuse, symbole du lancement des travaux.